Concilier vie numérique associative et professionnelle ?
L’une des thématiques de WebcomeLyon adresse la problématique de la cybersécurité dans l’environnement digital global connecté qui est le nôtre aujourd’hui.
Quel que soit votre niveau de vie numérique, vous vous êtes forcément posé la question de définir le seuil de confidentialité que vous vous interdisez de dépasser : entre le « je ne mettrai jamais les pieds sur Facebook » et « Je ne vois pas le problème je n’ai rien à cacher », chacun a ses propres règles, liées à son histoire personnelle, son métier, ses contraintes professionnelles ou personnelles. Et chacun impose ses règles aux autres, y compris à son entreprise…
Je ne suis personnellement pas du style à m’épancher sur les réseaux sociaux, et vois dans chacun d’eux des outils divers pour atteindre des objectifs variés, comme beaucoup : développer son réseau professionnel, jouer en ligne, partager une passion, atteindre une « idole » personnelle, assurer une veille technologique, participer à l’animation d’un cours, obtenir de l’aide, préparer un voyage. Naïf, comme DSI et enseignant en sécurité informatique, j’imaginais pouvoir « un peu » compartimenter mes usages. Deux anecdotes récentes, m’ont fait abandonner définitivement cette idée que j’imaginais un peu utopique…
- Mon fils est un féru d’Échecs. Il est récemment parti en Chine pour représenter la ville de Lyon. A 12 ans, nous avons hésité à le laisser partir seul avec quelques adultes et d’autres jeunes. Mais l’opportunité de lui laisser vivre une expérience unique dans le cadre de sa passion… Pour le suivre, pendant 10 jours, quels moyens ? Google, Facebook, et la plupart des messageries étant censurés, le seul support restant était… Wechat, le réseau social chinois incontournable, sans me faire d’illusion sur le degré de confidentialité de celui-ci vis à vis du gouvernement local : je suis bien sur Gmail, et mon téléphone est Android ! J’ai hésité un peu, avant de craquer. Lorsqu’une personne du groupe m’a demandé comment installer l’application, me présentant son smartphone, j’ai pris la précaution de lui dire : « attention en tant que militaire, tu as peut-être des restrictions d’usage sur ton téléphone professionnel ». La personne a acquiescé… mais elle n’a pas résisté 3 jours…
- Dans le milieu associatif, chaque responsable d’association a ses propres méthodes de gestion du système d’information. Avec les enfants, qui participent à « x » activités différentes, en scolaire, sport, musique, groupes d’amis, colos, etc… les pratiques de chacun diffèrent, et autant d’associations, autant de services cloud utilisés qui s’imposent à tous les usagers. Impliqué dans une association, et en voyage à l’étranger, j’ai dû intervenir pour dépanner le site web concerné. L’urgence était importante, à la veille d’une manifestation sportive : un hôtel, un wifi ouvert, et ça roule… Mentalement, je n’étais pas en activité professionnelle, mais dans le contexte associatif. Et mon esprit a occulté certaines règles de sécurité que je diffuse pourtant dans mon établissement. Mon ordinateur professionnel, lui, n’a pas fait la différence, et 10 minutes après, conscient de mon erreur, j’ai changé mon mot de passe professionnel, que j’avais utilisé mécaniquement, sans activer mon VPN. Une connexion avait pourtant déjà eu lieu, pour utiliser mon compte pour envoyer du spam…
Alors, à l’heure où la cybersécurité et ses enjeux pour la sécurité des entreprises et la défense nationale font les titres des journaux, est-il possible de concilier l’hygiène numérique qui s’impose à nous au niveau professionnel, et sa vie personnelle et associative ? Il y a quelques années, j’aurai dit oui. Aujourd’hui j’ai la certitude que non, ou à défaut ne plus vivre et passer pour un asocial. La seule voie : que les pratiques d’hygiène numérique diffusent au niveau de la société civile, pour que les règles de sécurité professionnelles ne soient pas « trop » corrompues par les pratiques du monde associatif.
Alors je me réjouis des évènements de sensibilisation à la cybersécurité, qui ont lieu dans le cadre de WebcomeLyon.